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23/06/2010

"On ne crache pas dans la soupe de celui qui nous nourrit"





Existe-t-il une maxime plus idiote? Certainement, tant elles sont nombreuses, et diverses, mais je dois avouer que celle-ci est tout particulièrement débile. Débile lorsqu'on vient à la confronter aux récents licenciements opérés à France Inter. Didier Porte et Stéphane Guillon, deux chroniqueurs émérites, viennent en effet d'apprendre que leur place dans la grille des programmes ne serait pas reconduite.
Le PDG de Radio France, Jean-Luc Hees qualifie les cinq minutes de 7h55 de "grande misère intellectuelle" pour justifier cette décision. Que les chroniques ne plaisent pas à tout le monde est indéniable. Le fait qu'elles étaient une appréciable touche d'humour dans un lourd programme sérieux de 3 heures et demi l'est tout autant.

L'humour, la satire, et la caricature ne sont-ils pas les bases d'une démocratie saine? Pour en revenir à notre maxime, les gens qui crachent dans la soupe de celui qui les nourrit n'est pas forcément en tord. Loin de là même, le jour où tout le monde mangera de la même soupe, plus personne ne pourra se lever, pour dire qu'elle n'est pas bonne.

La France, pays se revendiquant des droits de l'homme, et en train de toucher à l'un de ses principes fondamentaux: la liberté de la presse. Jean-Luc Hees, nommé par Nicolas Sarkozy à son poste, n'a bizarrement pas bronché lorsque Guillon à écorné l'image de Martine Aubry. Mais lorsque l'entité du président, ainsi que celle de ses ministres a été en jeu, il a élevé la voix. Jusqu'au licenciement, donc. Y aurait-il des consignes? Monsieur Sarkozy aurait-il une conception un peu trop personnelle du pouvoir?
Je ne rentrerai pas en profondeur dans ce débat sans fin, je me contenterai de vous offrir quelques pistes de réflexion:

La France est devenue en 2009 le premier pays européen en termes de perquisitions dans les rédactions et de journalistes mis en examen ou placés en garde-à-vue.


L'association Reporters sans frontières a classé la France 43e dans son classement "liberté de la presse" en 2009, contre 11e en 2002.


François Mitterrand aurait pu apostropher le président ainsi:
"La liberté de la presse présente des inconvénients. Mais moins que l'absence de liberté, M.Sarkozy."




V.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est vrai, on peut montrer la nudité, exhiber la pornographie, utiliser des mots vulgaire, écrire des "unes" du genre "Va te faire enculer, espèce de fils de pute", mais faire une satire d'un ministre de la majorité, ça non. Vive la démocratie.