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17/01/2010

L'idée politique du mois: le mandat unique



A deux ans des prochaines présidentielles, les observateurs commencent à avancer quelques noms concernant les futurs candidats. Si le PS attire, par son désordre ambiant, la majorité des regards, on parle peu de la droite. Et si Nicolas Sarkozy ne se représentait pas? L'idée commence à faire son chemin, suite à diverses déclarations du président actuel. Partir de lui-même serait un bon moyen d'éviter tout échec. Il n'a pas besoin d'argent, a atteint la fonction suprême... Après tout, cinq ans à ce niveau de compétence, c'est déjà beaucoup.
Il se pose ici une question beaucoup plus générale: Pourquoi ne pas limiter les élus à un seul mandat? La majorité des problèmes que nous rencontrons actuellement vient de cette éligibilité non restreinte.

Lorsqu'une équipe gouvernementale est au pouvoir, son but n'est pas de pérénniser l'économie du pays, de stabiliser la situation sociale, de promouvoir la culture. Son unique motivation est une éventuelle réelection. De fait, des chiffres à très court terme, des arguments de campagne, en quelque sorte. Améliorer les statistiques, par des réformes qui ne vont pas au fond des choses, mais font illusion durant deux ou trois ans. Alors pourquoi ne pas limiter à un mandat nos chers présidents? Sans possibilité de réelection, l'objectif du chef de l'Etat change: marquer l'histoire en construisant quelque chose de durable, voilà la nouvelle essence de son action. Puisqu'il ne peut être réelu, les chiffres sur cinq ans ne l'intéresseront plus. Il voudra s'inscrire sur le long terme, se posera de vraies questions de fond, pour régler réellement les problèmes, sans chercher à les camoufler.

L'immédiateté de résultat est une condition essentielle pour être réelu. Elle est aussi la raison principale des difficultés de notre pays, économiquement, et surtout socialement (problèmes dans les "quartiers" par exemple. Le but des décideurs est aujourd'hui de faire baisser les chiffres de la délinquance, pas de comprendre ce qu'il se passe vraiment). Limiter les élus à un mandat unique serait donc une solution intéressante.
Cependant, comme me l'a fait remarqué "G", un nouveau souci de taille se présente alors. Chaque nouveau président, s'il veut laisser une empreinte durable, aura pour idée première la destruction de ce qu'a fait son prédecesseur. Empêcher l'autre de laisser une trâce, c'est se donner une chance de plus d'y parvenir soi-même.

Alors, le véritable problème dans tout ça serait l'ambition personnelle de l'Homme. Le désir de "rester" dans le temps. Vaste question. Nous sommes même dans le domaine philosophique, que je ne prétends pas maîtriser. Cependant, je vois ici encore une parade, qui fera l'objet de la prochaine idée politique du mois!

V.

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