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06/05/2010

La chronique de V. 2: Que faire de l'Union Européenne?





"La seule solution d'une grandeur française, c'est de faire l'Europe." Fernand Braudel (j'avoue qu'il est un peu mon chouchou ) a par cette affirmation, lui le pointilleux statisticien, et surtout brillant historien, relevé une vérité entendue.

Entendue, mais remise en cause aujourd'hui. Et si, finalement, l'Union Européenne et le déclin de l'influence française dans le monde n'étaient pas deux phénomènes étrangers?

Il est important déjà de comprendre que nous ne sommes plus un pays phare. Contrairement à ce que l'on veut nous faire croire tout au long de nos études, non, la France n'est plus ce qu'elle était sur le plan international. Vous remarquerez d'ailleurs que nos derniers arguments sont le siècle des Lumières, qui a sa carte vermeille depuis un paquet de temps, et la colonisation, qu'on préfère taire tant elle est faite de contrastes. Depuis, plus rien.


Mais la question est aujourd'hui de savoir de quelle Europe parlait Fernand Braudel. Parlait-il d'une Europe sure de sa force, se contentant d'unir en partie ses économies, et comptant sur sa supériorité dans les autres domaines pour faire le reste?
Paul Valéry avait exprimé ce sentiment de supériorité qui nous habite de la manière suivante : "L’Europe deviendra-t-elle ce qu’elle est en réalité, c’est-à-dire un petit cap du continent asiatique ? Ou bien l’Europe restera-t-elle ce qu’elle paraît, c’est-à-dire : la partie précieuse de l’univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d’un vaste corps ?"


La verité, c'est que l'Union européenne telle qu'elle existe aujourd'hui n'a aucun sens, aucune autorité, aucun poids, et surtout, aucun avenir. La crise grecque, les difficultés espagnoles, italiennes, britanniques, et même françaises, sont seulement une coïncidence. Une coïncidence qui pourrait précipiter la mort de l'Union.

Non, l'Europe dont parlait Braudel n'était assurément pas la nôtre. Elle devait plus certainement ressembler à celle que Montesquieu décrivit dans ses Lettres persanes : "L’Europe est un État composé de plusieurs provinces".
Un véritable Etat fédéral, voilà ce qu'il aurait fallu. Comme l'a dit Jacques Attali ce matin sur France Inter, la solution était là. Avoir un véritable gouvernement européen, avec des Etats indépendants, mais des lois européennes, et une véritable identité. Surtout, et c'est ce qui manque à notre Union, une politique étrangère commune. C'est ce qu'ont fait les Etats américains, en devenant les Etats Unis d'Amérique.
Si l'on veut d'une Europe, c'est celle-là que l'on doit construire. Quitte à repartir de zéro, et à en réduire ( grandement) l'effectif.

Mais j'ai bien peur qu'il soit déjà trop tard, et qu'une véritable crise ne soit devenue inévitable...

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