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22/03/2010

L'idée politique du mois 4: Où va Sarkozy?








Vous en avez peut-être marre de ces élections. C’est même certain en fait. Je vais donc tenter de viser un autre objectif, et parler de ce qu‘elles vont engendrer.

Ce scrutin régional a pris la forme ( à tort ou à raison, c’est un autre débat, je pense personnellement que c’est une erreur) d’un référendum d’approbation ou de rejet de la politique du gouvernement Sarkozy ( quoi, il y a un Premier Ministre?). Le PS et l’UMP ont voulu en faire un débat national. Il ont évoqué durant la campagne des enjeux nationaux. Les conséquences ne seront donc pas régionales.
La « victoire du PS »( cette expression au lendemain d’une élection régionale, me paraît tellement antinomique, que je me permets de la mettre entre guillemets) est donc une vraie sanction à l’encontre du gouvernement en général, et, il me semble, du sarkozysme en particulier. Nicolas Sarkozy paye en cette fin mars non pas la conjoncture, la crise, etc. Non, il paye ses erreurs propres, et celles de ses conseillers, assurément. Il a voulu se mettre en première ligne, tout gérer, être l’arbitre, le chef de l’exécutif, sur tous les fronts. Il n’a aucunement fait le choix d’utiliser un Premier Ministre « fusible » comme beaucoup de ses prédécesseurs.
Certains parleront d’audace. Je pense plutôt qu’il se croyait vraiment capable de tout gérer, et de se faire réélire, en la qualité d’hyper président. Il se trouve désormais face à un vrai dilemme. Continuer, ou rompre avec tout ça?

Un rapide tour d’horizon historique nous rappelle une chose: les présidents réélus par les français sont au nombre de deux; François Mitterrand, et Jacques Chirac. Tous deux, à mi-mandat, ont été sanctionnés par un scrutin législatif. Tous deux ont en fait glané et remporté un second mandat en grande partie grâce à, respectivement, deux et cinq ans de cohabitation. Un Premier ministre de gauche, et si c’était ça, la solution pour Sarkozy? Nommer Martine Aubry Premier ministre. Oublier son rôle d’hyper président, et l’envoyer sur les dossiers « chauds », comme il se doit. Se cantonner à son rôle d’arbitre, se donner une nouvelle image. Pendant ce temps, il y a fort à parier que la gauche et sa chef de file se perdraient, et arriveraient en 2012 en position très délicate, avec non plus un bilan à critiquer, mais un bilan à défendre. Les rôles seraient inversés, en fait.

Claude Guéant a affirmé que Fillon ne présentera pas sa démission. Sarkozy ne changera certainement pas sa façon de faire, tout au plus, il donnera plus de poids à son Premier ministre actuel, tentant d’en faire, enfin, un vrai « fusible».


Cela ne sera sans doute pas suffisant, et si la gauche sait, dans l’année à venir, éclaircir la position de chacun en son sein, et pour les présidentielles, alors, Sarkozy sera très mal en point en 2012. Elle est peut-être là la victoire de la gauche; dans l’entêtement du président.


V.

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Et l'effet de la crise alors ! Comment reprocher au gouvernement actuel la crise économique que nous traversons ? Et pourtant, c'est aussi en partie l'explication du vote des Français.
D

Anonyme a dit…

Le vote régional n'est-il pas un choix humain plus que politique ? Une super élection municipale en somme. Georges Freche en est un exemple cuisant.
D

V. a dit…

Le vote régional DEVRAIT être un vote humain.
La campagne des partis au niveau national a transformé les enjeux.

V. a dit…

Quant à l'histoire de la crise, c'est une explication parmi d'autres. On ne peut pas dire : c'est à cause de ça, et stop.
L'idée de l'article, c'était de dire, tout simplement: Sous la Vème République, à mi-mandat, quel que soit le président, il est impopulaire. Seuls deux ont réussi à être réélus malgré tout: Mitterrand et Chirac, suite à une cohabitation.
Je n'ai pas fait d'analyse complète et précise de la politique du gouvernement. Un autre fois peut-être!


Merci à vous pour vos commentaires!

Anonyme a dit…

Et voui, les parties et la manipulation ! On a transposé l'humain vers le politique et l'electeur sanctionne un politique dont le bilan est déprécié par la crise économique dont il n'est pas seul responsable. D'où l'option qu'auraient choisit François ou Jacques d'installer Martine à Matignon pour récupérer le boomerang et assurer leur ré-élection. Mais Nicolas à choisit une autre option. Pourquoi ?
D

V. a dit…

Parce qu'il se croit sans doute capable de remonter la pente seul. Et devenir ainsi le premier président réélu en n'ayant eu qu'un seul premier ministre. Il a de l'égo le garçon.

Anonyme a dit…

Ego, ou caractère...